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TRENTE-ET-UNIÈME AVENTURE.

Ysengrin revint à sa place. Sire Noble, la tête un peu penchée, sembloit vouloir comprimer un sourire : « Connétable, » dit-il, « avez-vous encore à ajouter quelque chose ? — Non, Monseigneur, sinon que pour mon honneur, je n’aurois pas rendu cette querelle publique, si j’avois eu le choix des moyens ; mais la charge que j’occupe dans l’État ne me permettoit pas de donner l’exemple de la violation de vos édits, en me faisant justice moi-même ; chose qui m’eût été bien aisée. — Hersent, » reprit le Roi, « répondez à votre tour. Vous venez ici nous raconter que damp Renart vous a recherchée : mais vous, ne l’avez-vous jamais aimé ? — Moi, sire ? non. — Comment donc se fait-il que, n’étant pas son amie, vous ayiez eu la mauvaise pensée de prendre le chemin de son logis ? — Pardonnez, sire, cela n’est pas exact, et vous pourriez mieux parler. Monseigneur le Connétable, qu’assurément on peut croire, vous a dit qu’il étoit avec moi, au moment où j’eus à me plaindre des procédés de Renart. — Il étoit réellement avec vous ? — Sans aucun doute. — Alors qui pourra jamais admettre qu’un nain tel que Renart vous ait outragée impunément, en présence de votre baron ? »

Ysengrin se levant avec vivacité : « Sire,