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SECONDE CLAMEUR D’YSENGRIN.

« Écoutez, sire Bruyant, » dit alors Grimbert le blaireau, « il faut à tout prix étouffer le bruit d’un aussi mauvais cas. Tel qu’il l’a divulgué, commenté, exagéré, regreteroit bientôt de ne le pouvoir retenir. Il ne s’agit ici ni de violence ouverte, de porte brisée, de treve rompue ; tous les mauvais procedés reprochés à Renart peuvent être l’effet d’un amour très excusable. En conséquence, on ne devoit pas se hâter d’en parler mal et d’en porter plainte. Renart aimait Hersent depuis longtemps, et Madame Hersent n’auroit pas fait clameur, s’il avoit dépendu d’elle. Pour Ysengrin, avouons qu’il a pris cela beaucoup trop à cœur, et qu’il auroit du se garder d’en instruire le Roi et le baronnage. Qu’il veuille bien examiner un peu : s’il reste la moindre trace du délit, si la maison est endommagée ou les meubles brisés, enfin s’il a perdu dans tout cela la valeur d’une noix de coudrier, je m’engage, au nom de Renart, à tout remettre en état, et à lui en faire prendre l’engagement dès qu’il sera arrivé. Mais, en fin de compte, la honte de tout cela va retomber sur Hersent. Oui, Madame, le profit le plus clair pour vous du bruit qu’a fait votre mari sera d’être l’objet de toutes les conversations, de tous les quolibets. Ah ! vous seriez la dernière des créatures, si vous