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TYBERT ET LES SOURIS.

Appelant donc de dehors : « Renart, sire compain Renart, êtes-vous là ? Répondez-moi. — Oui, » se dit à lui-même Renart, « et pour ta male aventure. » Puis élevant la voix : « Welcome, Tybert, sois le bien venu, comme si tu arrivois en pelerin, de Rome ou de Saint-Jacques, un jour de Pentecoste. — Ne m’en veuillez pas, compain, et ne jugez pas de mes sentimens, d’après ce que j’ai mission de vous dire. Je viens de la part du Roi qui vous hait et vous menace. Chacun à la Cour se plaint de vous, Brun et Ysengrin avant tous. Vous n’avez auprès de Noble qu’un seul défenseur, c’est votre cousin Grimbert. — Tybert, » répond Renart, « les menaces ne tuent pas : qu’ils aiguisent leurs dents sur moi, je n’en vivrai pas un jour de moins. Je prétends bien aller à votre cour ; j’y verrai qui voudra lever clameur contre moi. — Vous ferez que sage, beau sire, et je vous le conseille en ami. Mais j’ai fait grande hâte et je m’apperçois que je meurs de faim ; j’en ai l’échine brisée ; n’auriez-vous pas à me donner quelque chapon ou geline ? — Ah ! vous demandez plus que je ne pourrois vous offrir, compain Tybert, et vous voulez m’éprouver sans doute. Tout ce que je pourrois vous trouver, ce seroit des rats, des souris, mais des souris bien grasses, par exemple. Vous