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TYBERT ET LES SOURIS.

de Martin d’Orléans. Elle avoit entièrement ruiné le pauvre homme ; de tout son bétail il ne restoit qu’un coq et deux gelines, dont Renart se gardoit bien d’approcher, car le beau Martin qui avoit déjà couronne de moine (plus tard il devoit avoir la corde), avoit mis dans le trou deux lacets à prendre Renarts. Digne fils de prêtre, qui met son étude à guetter chats et goupils !

« Allons donc guetter ! » dit Renart, le voyant hésiter un peu, « avance : Mère Dieu, que tu es devenu lourd ; va, je t’attendrai ici. » Tybert excité par ces paroles s’élance, mais aussitôt reconnoit sa folie : car il se sent pris à la gorge et serré par un vigoureux lacet. Plus il tire et plus il étrangle. Comme il faisoit pour échapper de vains efforts, Martinet accourt. « Debout ! debout ! » crie-t-il aussitôt ; « sus, beau père ! ma mère, au secours ! De la lumière ; accourez au pertuis ; le goupil est pris. »

La mère de Martinet, première levée, se hâte d’allumer une chandelle, et de l’autre main prend sa quenouille. Le prêtre suit, sans avoir pris le temps de passer une robe, si bien que le malheureux Tybert eut livraison de plus de cent coups. C’est à qui le frappera, du prêtre, de la prêtresse ou de leur fils. Enfin, perdant toute patience, Tybert voyant le prouvère tout