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QUARANTE-TROISIÈME AVENTURE.

mauvais vouloir des blancs manteaux. Ils auroient été les premiers à me livrer. — Laissez là ces regrets, » dit le sage Grimbert, « et n’oubliez pas que demain vous courez grande aventure de mort. Personne ne viendra m’aider à vous défendre ; mettez donc à profit le temps qui vous reste. Confessez-vous, me voici pour vous entendre, à défaut de prêtre. — Hélas ! » fit Renart, « je reconnois que le conseil est bon à suivre ; car enfin si je ne meurs pas, la confession ne me fera pas de mal, et si l’on me pend, elle m’ouvrira les portes du Paradis. Allons ! écoutez, cousin, je commence :

Seigneur, j’ai souhaité la femme de mon prochain. Hersent n’a pas dit vrai ; elle me fut toujours excellente amie, et je n’eus jamais à me plaindre de ses cruautés. Mais si j’ai fait trop de mal à mon compère Ysengrin pour être mis hors de cour, au moins que Dieu le me pardonne ! J’en bats ma coulpe ; c’est ma très-grande faute. J’ai fait prendre Ysengrin trois fois : la première, quand un piége à loup l’arrêta dans la vigne ; la seconde, quand sa pelisse fut déchirée par un collet tendu ; la troisième, quand il se gorgea tellement de bacons chez un prudhomme, qu’il ne put sortir du pertuis qui lui avoit d’abord livré passage. Je l’ai fait