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QUARANTE-SIXIÈME AVENTURE.

rendre dans la grande salle où chacun pour lui faire honneur se leva dès qu’il parut. « Beau sire, » lui dirent-ils, « ayez aujourd’hui bon jour ! — Allons ! qu’on selle tout de suite mon chasseur ; je veux courre le goupil. »

Le varlet auquel s’adressoit le Chevalier court enseller le cheval ; il l’amène devant le degré, pendant que le Veneur dispose les chiens. Tous montent, passent la porte et le pont ; ils étoient encore dans le courtil quand ils apperçurent Renart couché tranquillement sous un pommier. Les chiens sont déliés, on corne au goupil, pendant que celui-ci, fâché du contretemps, joue des pieds et atteint la forêt. Les levriers suivent et font avec lui mille détours ; il revient sur ses pas, sort du bois et franchit une seconde fois le pont et la porte du château. Les levriers dépistés s’arrêtent, la chasse est terminée. « Il faut avouer, par Dieu, » dit le Chevalier « que Renart doit bien se railler de nous qui le laissons échapper ainsi. Cherchons-le pourtant encore dans le château. »

On revient, on remue toutes les huches, on ouvre tous les coffres, on regarde sous toutes les tables, dans tous les draps, sur tous les lits ; jamais autant de mouvement et de presse à Senlis, un jour de foire, quand on mène un larron pendre. Tout cela pour rien. « Il faut bien en prendre son parti, » dit le Chevalier ;