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RENART ET CHANTECLER.

enceinte de pieux de chêne recouverts d’aubépins touffus.

C’est là que Constant Desnois tenoit ses gelines à l’abri de toute surprise. Renart, entré dans le plessis, s’approche doucement de la clôture. Mais les épines entrelacées ne lui permettent pas de franchir la palissade. Il entrevoit les gelines, il suit leurs mouvements, mais il ne sait comment les joindre. S’il quitte l’endroit où il se tenoit accroupi, et si même il ose tenter de bondir au-dessus de la barrière, il sera vu sans aucun doute, et pendant que les gelines se jetteront dans les épines, on lui donnera la chasse, on le happera, il n’aura pas le temps d’ôter une plume au moindre poussin. Il a beau se battre les flancs et, pour attirer les gelines, baisser le cou, agiter le bout de sa queue, rien ne luy réussit.

Enfin, dans la clôture, il avise un pieu rompu qui lui promet une entrée facile : il s’élance et tombe dans une plate-bande de choux que le vilain avoit menagée. Mais le bruit de sa chute avoit donné l’éveil à la volatile ; les gelines effrayées se sauvent vers les bâtimens. Ce n’étoit pas le compte de Renart. D’un autre côté, Chantecler le coq revenoit d’une reconnaissance dans la haie ; Il voit fuir ses vassales, et ne comprenant rien