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CINQUANTIÈME-SEPTIÈME AVENTURE.

fond le jambet, les tours françois, anglois et bretons, la revenue, les coups secs et inattendus. Pour Ysengrin, il ne croit pas avoir besoin de préparation ; fort de son bon droit et de la foiblesse de Renart, il va tranquillement dormir en son hôtel, en maudissant toutefois les ajournemens qui retardent l’appaisement de sa vengeance.

Le délai fut également employé des deux côtés à la recherche des meilleures armes et au soin de les mettre en excellent état. Ysengrin porte son attention sur l’écu et le pourpoint de feutre ; il essaie les jambières, il adopte des chausses legères et solides ; le bâton dont il jouera est une branche noueuse de néflier ; pour vernir son écu, il choisit la couleur vermeille. Les amis de Renart s’étoient chargés de préparer son adoubement : c’étoit un écu rond, jaune de couleur, une cotte courte et portant à peine deux aunes ; des chausses feutrées, pour bâton une tige d’aubépin, garnie de sa courroie. De plus, ils eurent grand soin de le faire bien raser et tondre, pour laisser à son ennemi moins de prise. Quand Ysengrin le vit arriver devant la Cour assemblée, il eut un grand dépit de ne pouvoir, comme il espéroit, dechirer à belles dents sa riche fourrure ; il n’avoit pas, quant à lui, daigné se débarrasser d’un seul poil. Mais qu’il modère