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COMBAT DE RENART ET YSENGRIN.

« — Faites mieux, sire Ysengrin ; prenez l’amende que je vous offre. Les chevaliers de ma parenté vous feront hommage, je quitterai le pays, j’irai outre mer. — Il s’agit bien de ce que tu feras en sortant de mes mains ! Va ! tu ne seras pas alors en état de voyager. — Rien n’est moins prouvé. On verra qui demain sera le mieux en point. — J’aurai vécu plus d’un jour, si tu vois la fin de celui-ci. — Mon Dieu, moins de menaces et plus d’effets ! »

Ysengrin se précipite, l’autre l’attend l’écu sur le front, le pied avancé, la tête bien couverte. Ysengrin pousse, Renart résiste et d’un coup de bâton adroitement lancé près de l’oreille, il étourdit son adversaire et le fait chanceler. Le sang jaillit de la tête, Ysengrin se signe en priant le Dieu qui ne ment de le protéger. Est-ce que, d’aventure, sa femme épousée seroit complice de Renart ? Il voyoit cependant trouble : à qui lui eût demandé s’il étoit tierce ou none et quel temps il faisoit, il auroit eu grand peine à répondre. Renart le suivoit des yeux, et s’il hésitoit à prendre l’offensive, au moins se préparoit-il à bien soutenir une deuxième attaque. « Eh ! que tardez-vous, Ysengrin ? pensez-vous la bataille finie ? » Ces mots réveillent l’époux d’Hersent ; il avance de nouveau ; le pié tendu, il brandit son bâton