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NOUVELLE ÉTUDE

du Renard et du Loup, et les écrivains qui détournèrent au profit de leurs ressentimens particuliers le courant des anciens apologues, ne réussirent que devant leurs voisins ou leurs contemporains : ils ne firent pas école. Quand les allusions à des évenemens passagers dominoient assez le récit pour ne rien laisser aux animaux dont on avoit emprunté le masque, elles étoient oubliées dès que les évenemens et les hommes, objets de l’allusion, cessoient d’être en présence. On en revenoit aux anciennes fables, en se contentant d’appliquer les exemples généraux aux évenemens particuliers. Ainsi du neuvième siècle au quatorzième, il se rencontra nombre de clercs dans les abbayes et dans les écoles, pour gourmander leurs ennemis ou leurs frères, sous les apparences du loup et du renard ; mais ces compositions telles que Renart couronné, Renart bestourné, Renart contrefait ou Renart le nouvel, n’obtinrent jamais droit de bourgeoisie dans la société des récits qu’on ne cessoit d’imiter, de refaire et de remanier.

L’introduction de la plupart des apologues, dans les littératures modernes, appartient aux latinistes. Les clers universitaires et monastiques durent, les premiers, composer des fables, dits ou dialogues, sur les gestes du loup et du goupil. De ces ouvrages toujours inspirés par de plus anciens, les meilleurs passoient ordinairement de la génération qui les avoit produits aux générations suivantes. Au premier rang de ces dérivations immédiates (qu’on me permette le mot) de l’apologue antique, je crois qu’il faut placer le Pœnitentiarius, ou les Animaux malades de la peste ; l’Isengrinus, ou le Renard mé-