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NOUVELLE ÉTUDE

de cette fameuse légende de Troie fussent romancées. Ce qui me porte à le conjecturer, c’est qu’une seconde allusion au même ordre de récits se trouve dans une autre branche de Renart, et qu’elle se rapporte encore à l’enlèvement d’Helène :

Ainc Troien n’orent telle joie,
Quant receurent Heleine à Troie.

(Édition de Méon, vers 15077.)

Au reste Benoît de Sainte-Maure, auteur du grand roman de Troie, florissoit au milieu du douzième siècle ; et rien n’empêche de supposer que son œuvre ait été connue même avant 1147.

2. De Tristan qui la Chievre fist.

La Chievre, c’est-à-dire le Chèvrefeuille. Un des premiers lais, qui de la source bretonne se répandirent en France, fut celui que Tristan de Léonois passoit pour avoir composé : plus tard, Marie de France devoit nous raconter quelle en avoit été l’occasion. Le héros, dans ce chant plaintif, comparoit son amour à l’attachement du chèvrefeuille pour le coudrier : et, dit Marie de France,

Ce fu la somme de l’escrit
Qu’il li avoit mandé et dit,
Que ne pot nens vivre sans li.
D’eus deux fu-il tot autresi
Cume del chevrefoil estoit
Qui à la codre se pernoit.
Quant il est si laciés et pris,
Et tot entor le fust s’est mis,
Ensemble pooient bien durer ;
Mais qui puis les volt desevrer,