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SUR LE ROMAN DE RENART.

le faire, la date du Reinardus vulpes. Je reconnois avec lui que les trois textes conservés, latin, flamand et allemand supposent un original françois. Mais je me vois forcé de me séparer de l’illustre critique sur un point non moins important. Les poëmes étrangers sont bien, dit-il, fondés sur un roman françois ; mais ce roman est perdu. Les textes que Méon a publiés ne sont pas ceux que l’on a imités : ils ne présentent qu’un remaniement du treizième siècle ou même du quatorzième.

Cette opinion, que l’autorité du grand nom de M. Grimm a fait prévaloir, me paroît tout à fait dénuée de vérité et même de vraisemblance.

Pour la soutenir, il faudroit démontrer que les citations que je viens de réunir ne s’accommodent pas des inductions que j’en ai tirées.

Il faudroit signaler les branches et les passages du Renart françois qui révèlent la date de la fin du treizième siècle[1].

Il faudroit trouver les fragmens d’un texte plus

  1. Peut-être alleguera-t-on ces deux vers de Renart teinturier :

    Foi que devez le seint martir
    Et saint Thomas de Chanterbir….

    (Méon, v. 12195.)


    Mais Méon a choisi la leçon donnée par un seul manuscrit, le no 76075, le moins ancien des sept. Les cinq autres manuscrits qui contiennent la même branche (laquelle n’est pas des deux premiers auteurs, mais d’un trouvère des premières années du regne de Philippe Auguste) portent uniformément, et comme M. Chabaille l’a relevé :

    Par la foi que doi saint Martin
    Et saint Frobert et saint Quentin.…

    (Suppl. au roman du Renart, p. 155.)