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DEUXIÈME AVENTURE.

vieille femme, gardienne de l’enclos, ouvroit la porte du gelinier. Elle appelle Pinte, Bise, Roussette ; personne ne répond ; elle lève les yeux, elle voit Renart emportant Chantecler à toutes jambes. « Haro, Haro ! » s’écria-t-elle, « au Renart, au voleur ! » et les vilains d’accourir de tous côtés. « Qu’y a-t-il ? pourquoi cette clameur ? — Haro ! » crie de nouveau la vieille, « le goupil emporte mon coq. — Eh ! pourquoi, méchante vieille », dit Constant Desnois, « l’avez-vous laissé faire ? — Parce qu’il n’a pas voulu m’attendre. — Il falloit le frapper. — Avec quoi ? — De votre quenouille. — Il couroit trop fort : vos chiens bretons ne l’auroient pas rejoint. — Par où va-t-il ? — De ce côté ; tenez, le voyez-vous là-bas ? »

Renart franchissoit alors les haies ; mais les vilains l’entendirent tomber de l’autre côté et tout le monde se mit à sa poursuite. Constant Desnois lâche Mauvoisin, son gros dogue. On retrouve la piste, on l’approche, on va l’atteindre. Le goupil ! le goupil ! Renart n’en couroit que plus vite. « Sire Renart, » dit alors le pauvre Chantecler d’une voix entrecoupée, « laisserez-vous ainsi maugréer ces vilains ? À votre place je m’en vengerois, et je les gaberois à mon tour. Quand Constant Desnois dira à ses valets : Renart l’emporte ;