Page:Les aventures de maître Renart et d'Ysengrin son compère, trad. Paulin, 1861.djvu/365

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
349
SUR LE ROMAN DE RENART.

thèques, comme le Pœnitentiarius, l’Ysengrinus et le Reinardus vulpes ne les connoissent pas. Une pièce de vers françois qu’on n’a pas assez remarquée et que Méon avoit cependant insérée dans le second volume de son Nouveau recueil de fabliaux, va peut-être éclairer ce point d’une façon inattendue.

Richeut ou Richout (en latin Richildis) étoit jadis une chanteuse ou ménestrelle dont la vie avoit été tellement scandaleuse, qu’après sa mort on en avoit fait une sorte de patronne des femmes folles de leur corps. Ce fut la Canidie ou, si on aime mieux, la Macette du moyen âge. Le dit du Recueil de Méon, C’est de Richeut, n’est pas achevé, mais il en reste plus de treize cents vers, et ce n’étoit pas le premier qu’on eût composé sur le même sujet ; l’auteur le confesse tout d’abord :


Soventes fois oï avés
    Conté sa vie.
Maistresse fu de lecherie.
Maintes femes ot en baillie ;
Totes sevent de tricherie
    Communaument,
Mais ce fu par l’enseignement
Richeut, qui fu moult longuement
    Par tout le mont.…


Notre pièce remonte pourtant encore au douzième siècle, témoin le passage suivant où l’on raconte les voyages de Sansonnet fils de Richeut :

Puis s’en avança vers Saint-Gile,
      Droit à Tolose
Que li rois Henris tant golose. (V. 989.)


Ce prince étoit Henry II, roi d’Angleterre, qui,