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NOUVELLE ÉTUDE

mat, dignité ecclésiastique ; plusieurs hommes le portèrent au treizième siècle (et par conséquent au douzième), entre autres le traducteur des Chroniques de Saint-Denis que Boccace nomme Primasso. Je croirois assez que, dans Renart, la légende de Primaus se rattache à des récits latins dans lesquels le loup, qui n’étoit pas encore Ysengrin, entroit dans les ordres et devenait prélat. Primaut répondroit alors au Praesul ou Dacus pontifex, qualité du loup dans le Reinardus vulpes.


Il s’en faut de beaucoup peut-être qu’on ait conservé tous les récits qui pouvoient entrer dans le cycle de Renart : Méon en avoit négligé plusieurs qu’on a retrouvés depuis ; Monsieur le duc d’Aumale possède, comme j’ai dit tout à l’heure, un manuscrit ancien, dans lequel on a reconnu plusieurs aventures inédites ; d’autres ont pu de France, où on les jugeoit indignes d’entrer dans le Recueil ordinaire, passer en Allemagne et dans les Pays-Bas, où l’on se seroit empressé de les traduire et de les imiter. Voilà toute la concession que nous puissions, à la grande rigueur, faire à M. Grimm. Quant à ces aventures particulières, recueillies par le Reineck, le Reinart et le Reinardus, on peut assurer qu’elles n’ont pas le cachet de l’esprit françois. Jamais je ne croirai qu’un de nos trouvères ait imaginé de faire mourir Ysengrin, torturé, broyé par une truie, abbesse d’un couvent de porcs de tous les âges ; que Renart ait évité le supplice, non plus en prenant la croix et le blanc manteau, mais en révelant à Noble le lion la place du trésor du roi Emmeric, et en accusant sottement de trahison son père défunt et tous ses meilleurs amis ; nous ne prétendons