Page:Les aventures de maître Renart et d'Ysengrin son compère, trad. Paulin, 1861.djvu/65

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
49
LE MONIAGE D’YSENGRIN.

HUITIÈME AVENTURE

Où l’on voit comment Ysengrin eut envie de se convertir, et comme il fut ordonné moine de l’abbaye de Tyron.



Pendant que Renart est ainsi festoyé dans Maupertuis, que la sage Hermeline (car la dame a jugé convenable d’abandonner son premier nom de Richeut, pour en prendre un autre plus doux et plus seigneurial), qu’Hermeline lui frotte et rafraichit les jambes, que ses enfants écorchent les anguilles, les taillent, les étendent sur des tablettes de coudrier, et les posent doucement sur la braize ; voilà qu’on entend frapper à la porte. C’est monseigneur Ysengrin, lequel, ayant chassé tout le jour sans rien prendre, étoit venu d’avanture s’asseoir devant le château de Maupertuis. Bientôt la fumée qui s’échappoit du haut des toits frappe son attention, et profitant d’une petite ouverture entre les ais de la porte, il croit voir les deux fils de la maison occupés à retourner de belles côtelettes sur les charbons ardents. Quel spectacle pour un loup mourant de faim et de froid ! Mais il savoit le naturel de son compère