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DIXIÈME AVENTURE.

Renart arrive, trouve la boîte et l’emporte à travers champs. Quand il se vit dans un endroit écarté : « Voyons », dit-il, « ce qu’il y a là dedans. » Il ouvre, trouve plus de cent oublies et les mange toutes à l’exception de deux qu’il garde pliées en double entre ses dents. Il n’eut pas fait vingt pas qu’il aperçut damp Primaut venant à lui d’un pas rapide, comme s’il le reconnaissoit. « Renart, » dit-il, « sois le bien-venu  ! — Et vous, damp Primaut, Dieu vous garde et vous donne bon jour ! Peut-on savoir d’où votre seigneurie accourt si vîte ? — Je viens du bois où j’ai chassé longtemps sans rien trouver. Mais que portes-tu donc là ?

Renart. De bons et beaux gâteaux d’église ; des oublies.

Primaut. Des gâteaux ! où les as-tu découverts ?

Renart. Mais apparemment où ils étoient ; ils m’y attendoient, je suppose.

Primaut. Ah ! cher ami, partageons, je te prie.

Renart. Je vous les donne, et je vous les donnerois quand même ils vaudroient cinq cents livres. »

Primaut ayant mangé les oublies de grand cœur : « Renart, sais-tu que ces gâteaux sont fort bons ? En as-tu d’autres ? — Non, pour