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LA MESSE DE PRIMAUT.

le moment. — Eh bien, j’en ai regret ; car, par saint Germain et l’âme de mon père, je sens une faim horrible. Je n’avais rien mangé d’aujourd’hui, et malgré tes oublies, je me sens prêt à défaillir. — Prenez, » dit Renart, « un peu de courage. Vous voyez là-bas ce moutier ? Allons-y, nous y trouverons autant d’oublies que nous voudrons. — Ah ! cher ami Renart, s’il en étoit ainsi, j’en serois reconnaissant toute ma vie.

— Laissez-moi faire, et vous allez être content, je le promets sur ma tête. Marchez devant, je suivrai. »

Ils courent et bientôt arrivent devant le moutier que desservoit le prêtre à la boite d’oublies. La porte étoit fermée : ils creusent la terre sous les degrés de l’entrée et pratiquent une ouverture.

Les voilà dans l’église. Sur l’autel se trouvoient des oublies recouvertes d’une blanche serviette. Enlever le linge et dévorer les gâteaux fut pour Primaut l’affaire d’un instant. « En vérité, frère Renart, ces gâteaux me plaisent beaucoup : mais plus j’en ai mangé et plus j’ai souhaité d’en manger encore. Quelle est cette huche, là près ? ne contiendroit-elle pas quelque bonne chose ? voyons, ouvrons-la. — Je ne demande pas mieux. »

Ils vont à la huche. Primaut, le plus fort