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LA LEBRUN

Je ne t’ennuierai plus que d’une question :
Connais-tu bien les goûts de chaque nation ?

FLORA

L’Allemand ne fait rien… Il vient, regarde, paye,
En or, et quand il s’est fait rendre sa monnaie,
S’en va fort satisfait… Le Suédois, dit-on.
Aime qu’on lui taquine un peu le hanneton ;
Le Russe gamahuche et l’Italien encule ;
L’Anglais, même au bordel, stupide, ridicule,
Fait laver quatre fois le con de la putain,
Puis quand il est bien sûr, en y mettant la main
Et le nez, que la place est bien propre et bien nette,
Sans mot dire il se fait secouer la houlette
L’Espagnol amoureux se fait pomper le dard ;
En aisselle, en tétons, le Turc met son braqmard ;
Le Français, plus adroit, plus fécond en pensées,
N’a pas à cet égard de routes bien tracées :
Selon l’âge, l’époque et selon ses désirs,
Il sait habilement varier ses plaisirs ;
Mais quand parfois il trouve une motte bien fraîche,
Ce qu’il aime avant tout c’est faire tête-bêche !

LA LEBRUN

Je suis contente… Après un pareil examen,
Tu me feras honneur et profit. Dès demain
Je ferai demander ta carte à la police
Et tu pourras alors commencer ton service.
La Lebrun tint parole… et du bordel, depuis,
Flora fait les beaux jours, — surtout les belles nuits.


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