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de Fernand Mendez Pinto.

cauſe que les Marchands d’icelle eſtoient plus veritables que les Chinois de la côte d’Ainan. A quoy ils firent reſponſe ; tu n’es point trompé en ce que tu dis, par ce que ſi tu es Marchand, comme tu dis, croy qu’en tout & par tout en ce lieu l’on t’honorera. C’eſt pourquoy tu peux dormir ſans aucune crainte.




De ce qui arriua à Antonio de Faria en ce port, auec le Nautarel de la Ville, ſur la vente de ſa Marchandiſe.


Chapitre XLIX.



Antonio de Faria ayant peur qu’il ne vint par terre quelques nouuelles de ce qu’il auoit fait au Corſaire ſur la riuiere de Tanauquir, & que cela ne luy apportaſt quelque preiudice, ne voulut deſembarquer ſa marchandiſe au foudigue, comme les officiers d’iceluy vouloient qu’il fit, choſe qui luy cauſoit aſſez de deſplaiſir & de faſcherie ; de ſorte que par deux fois ſon affaire fut rompuë, & connoiſſant que les bonnes parolles n’eſtoient ſuffiſantes pour les faire conſentir à ce qu’il leur propoſoit, il leur enuoya dire par vn Marchand, qui eſtoit porteur de ſes meſſages, qu’il voyoit bien la raiſon qu’ils auoient de vouloir que ſa marchandiſe fut miſe en terre, puis que c’eſtoit l’ordinaire. Mais qu’il les aſſeuroit qu’il ne le pouuoit faire en aucune façon, à cauſe que la ſaiſon eſtoit preſque paſſée, & que pour ce il luy eſtoit neceſſaire de s’en retourner incontinent pour faire trauailler au grand Iunco, dans lequel il eſtoit venu, dautant qu’il puiſoit tant d’eau, que ſoixante mariniers n’oſtoient iamais la main de trois pompes, qu’ainſi il couroit grande riſque d’aller à fonds auec toute ſa marchandiſe, & que touchant les droicts du Roy, il eſtoit bien content de les payer, non à trente pour cent, comme ils luy demandoient, mais à dix, comme l’on payoit aux autres Royaumes, & qu’il les payeroit incontinent, & tres-volontiers. A cette offre ils ne rendirent aucune reſpon-