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IV



 
En effet, le départ était riche et splendide !
Le ballon de l’espoir sur l’Océan sans ride
Montait, calme et docile aux mains qui conduisaient,
Et les airs parfumés aux voix obéissaient.
Le soleil, qui planait sur leurs têtes superbes,
Comme un faisceau de fleurs les inondait de gerbes ;
Tout fuyait à leurs yeux et l’aigle courroucé
Les regardait, honteux de se voir dépassé.
Eux seuls regnaient au loin dans cet empire énorme,
Du monde atténué raillant la masse informe
Qui n’était plus pour eux, dominateurs des airs,
Qu’une humanité naine enchaînée à ses fers.

 Dans ces émotions nouvelles,
 Tout un jour leur âme eut des ailes,
 Leurs lèvres un rire éclatant
Qui, doublé par l’écho dans ces montagnes blanches,
 Des nuages qui vont flottant
 Allait frapper les avalanches !

Comme le météore emporté dans son cours,
Bercé dans une molle et douce quiétude,
 On montait, on montait toujours !
Mais bientôt vint le soir, triste tombeau des jours,