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à force d’aimer

« Quand René verra un père dans le maître qu’il chérit, il finira bien par oublier l’autre, » se dit-elle. « Et d’ailleurs où est la vraisemblance que jamais Édouard revendique une paternité dont il a tant d’intérêt à se débarrasser ? »

Elle se rappelait la scène du parc Monceau, telle que son fils la lui avait racontée. Elle se représentait le menu visage, blême de colère, de cette Clotilde Vallery, dont elle connaissait de vue la silhouette de poupée. Et elle bénissait la haine de cette femme, qui creusait un tel abîme entre le père et l’enfant.

Un soir, après dîner, M. Fortier vint la voir. Bien qu’il fît encore grand jour, c’était un moment que, d’habitude, il ne choisissait pas.

Hélène, assise à lire dans son petit jardin en façade, auprès de René qui faisait ses devoirs sur une table rustique, eut un mouvement étonné. Puis, tout de suite, à découvrir certaine sombre expression dans les yeux d’Horace, elle trembla intérieurement.

Le professeur se mit à parler de choses et d’autres, s’occupa de René, lui fit remarquer ses fautes. Et même, le petit garçon étant parti pour arroser une bordure de fleurs, la conversation demeura dans des sujets indifférents. Mais Hélène sentait qu’un choc allait venir. En elle-même tout son être craintif se repliait avec anxiété.