Page:Lesueur - À force d'aimer, 1895.djvu/131

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
127
à force d’aimer

de puissance et de gloire. Tout tremblant, il répéta des paroles qui lui semblaient terribles à faire écrouler les murailles sur sa tête. Pourtant la pitié pour sa mère, qu’il avait vue égarée de souffrance, l’emporta sur son remords et son romanesque espoir d’une réconciliation. Puis, à ce moment, elle avait une telle autorité dans son air et dans sa voix, qu’il n’eût osé lui désobéir.

Quand elle l’eut câliné, bercé contre son sein comme un bébé, enveloppé de caresses violentes et douloureuses, et que tous deux furent plus calmes, le petit garçon demanda tout bas :

— « Alors, tu ne m’en veux pas, mère, d’avoir dit ce que j’ai dit devant M. Fortier ? »

Elle eut une réponse étrange, qu’il ne comprit pas, mais dont il n’eût, pour rien au monde, réclamé l’explication :

— « Non, mon pauvre enfant. Tu as fait ton métier d’homme. Nos cœurs sont des jouets qu’il faut que vous brisiez, vous autres. Tu as commencé de bonne heure, et involontairement… voilà tout. »