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à force d’aimer

ment que dans une démence de jalousie et de colère — l’accuser de duplicité.

D’ailleurs, eût-elle possédé, en quelque mesure, la faculté d’analyse, que cette faculté même aurait été paralysée par l’affolement où la jetait la forme apparente de l’injuste imputation, par le délire de souffrance venu de la chose écrite, quelle qu’en fût l’inspiration véritable. Horace avait pu formuler cela !…

Puis il y avait le fait trop significatif de son départ. Tout était fini… C’est pour toujours qu’il s’était éloigné. Machinalement elle regarda sa montre… Sept heures et demie… Et il avait pris le train de six heures !… Elle se le représenta, dans l’angle d’un compartiment, l’air résolu, la face froide, ayant déjà rejeté de son cœur et de sa pensée la femme qu’il croyait faible et fausse, se réjouissant peut-être de n’avoir plus — suivant une de ses dures expressions de naguère — « à réparer les torts de son prédécesseur ».

Si elle l’avait pu voir !… — Qu’y avait-il entre eux ?… Une demi-lieue à peine et quelques vaines murailles… Car Horace n’avait pas quitté Clermont, mais se dévorait de chagrin dans sa chambre. — Si elle l’avait pu voir ! Si elle avait eu l’intuition qu’il était encore là, que, malgré la résolution prise au moment où il lui écrivait, il n’avait pas eu le courage de partir, et qu’il se tenait enfermé chez lui, les yeux fixés sur un livre