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à force d’aimer

fille. « Madame était comme d’habitude. Pourtant je l’ai trouvée bien pâle… Est-ce qu’elle demande les soins de madame la doctoresse ?

— Mes soins ?… Ah ! mon Dieu !… » gémit Mme Giraudet. « Mon enfant, je retourne avec vous… Pourvu que j’arrive à temps !… Toi, » cria*t-elle à son mari, « cours chez M. Fortier, porte lui cette lettre, et ramène-le chez cette malheureuse Hélène. »

M. Giraudet, paralysé par la stupeur, restait les yeux fixés sur le billet, qu’il semblait ne pas comprendre.

Voici ce qu’il venait de lire :

« Chère et excellente amie

« Pardonnez-moi la tristesse que je vous cause et les pénibles devoirs que j’impose à votre amitié.

« Je ne puis plus vivre. Tout est rompu entre Horace et moi. Ce n’est pas sa faute. La situation était sans issue. Je n’ai qu’un moyen de lui prouver ma sincérité, c’est de mourir.

« Vous, si raisonnable, si forte, vous me trouverez lâche. Vous m’accuserez d’abandonner mon enfant. Mais c’était aussi à cause de René que j’avais souhaité la réhabilitation. Dans la misère de mon cœur, aurait-il fallu le voir grandir pour