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à force d’aimer

— « Si vous voulez que je vous tienne pour un galant homme, rendez à Mlle Vallery la parole qu’elle a pu vous donner et qui l’embarrasse. »

Ludovic fit un pas en avant, comme pour obéir. Puis, brusquement, il eut un geste de résolution et de colère :

— « Soit ! » dit-il. « Mais alors je m’en irai. Je quitterai cette maison. Et Mlle Vallery sait à quel prix elle achète le plaisir de me congédier. »

Son regard s’enfonça dans celui de Huguette, si chargé de menace que, de nouveau, la pauvre enfant se sentit faiblir. Ses yeux, ses mains tremblantes, suppliaient ; ses lèvres s’ouvraient pour des paroles de conciliation vague. Elle cherchait quelque moyen terme, quelque dénouement moins irrévocable.

Mais Germaine se plaça devant elle :

— « Monsieur, » dit la fière jeune fille, « vous menacez une femme. Savez-vous comment cela se qualifie, cette action-là ? Il y a longtemps que vous poursuivez Mlle Vallery, et aujourd’hui vous essayez de la compromettre. L’amitié qui me lie à elle m’autorise à la défendre. Je vous ordonne de vous retirer. Si cela vous déplaît, demandez-en raison à mon père, et, si vous avez quelque chose à dire à Mlle Vallery, adressez-vous au sien. Ce sera plus correct.

— Ce sera plus sûr aussi… Et je compte bien le faire, » dit Chanceuil.