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à force d’aimer

Mlle  Bjorklund jeta un regard à Germaine, et vit qu’elle rougissait.

— « Est-ce bien à propos, monsieur, » fit observer l’institutrice, « de présenter cet écrivain socialiste à des jeunes filles d’une caste qu’il attaque ouvertement ? »

Le ministre se mit à rire.

— « Si on le présentait plus souvent à de pareils échantillons de cette caste, comme vous dites, ma chère demoiselle, le farouche novateur désarmerait peut-être un peu.

— Mais, » dit Huguette, « il ne prêche ni le bouleversement des choses établies ni les moyens violents. Il n’est pas farouche, il est charmant, n’est-ce pas, Germaine ?

— Chut ! » fit Mlle  de Percenay, en désignant la scène, que le rideau découvrait lentement.

Le drame n’eut pas le succès de la conférence. Peut-être lui manquait-il d’être joué par l’auteur. Certaines scènes firent impression. Mais le sentiment du nouveau ne s’éveilla pas aussi fortement que l’on s’y attendait. C’était l’éternel sujet de la grève, les rapports entre patrons et ouvriers. Tout se dénouait d’une façon heureuse, mais peut-être pas très philosophique, grâce à la « force inconnue », à la Bonté, qui désarmait les ouvriers devant une grande douleur de leur patron, et donnait pour but au patron le bonheur de ses ouvriers.