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à force d’aimer

— « Je ne sais pas ce qu’il veut dire, » avait-elle expliqué à son amie après la scène avec Chanceuil. « Il prétend que, si je ne veux pas l’épouser, il peut faire du tort à papa. »

La vaillante Germaine avait haussé les épaules.

— « Le lâche ! » s’était-elle écriée. « Même si c’était vrai, voyons, n’aimerais-tu pas mieux qu’il mît ton père et toi sur la paille que de donner ta main à un misérable capable de pareilles vilenies ? »

Huguette n’avait osé dire, pas plus qu’elle n’osait croire, qu’il s’agissait de l’honneur de son père.

Cependant elle sut que Chanceuil avait eu un entretien avec M. Vallery. Elle s’épouvanta de voir celui-ci devenir soucieux. L’entretien se renouvela, et le nuage s’épaissit au lieu de se dissiper sur le front du père de Huguette. Puis le financier eut une conversation très longue, et certainement très grave, avec le ministre. M. de Percenay en sortit avec un visage plus sombre encore que celui de son ami.

Huguette seule remarqua ces détails. Une inquiétude sans nom grandissait en elle. Serait-il possible que son père eût dans le passé quelque secret redoutable ?… Mais alors, elle ?… Quel serait son devoir ?… Elle en frissonnait de terreur et de dégoût.

Une fin d’après-midi, comme elle revenait d’une