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à force d’aimer

être difficile de ne pas lui donner satisfaction.

René, qui, ne voulant pas agir dans cette campagne, en laissait la direction à Fortier, s’étonna pourtant de voir se passer quelques jours sans que l’Avenir social agitât le grelot qu’il avait attaché. Malgré sa répugnance à questionner son maître sur certains détails, il ne put s’empêcher de lui dire :

— « N’avez-vous pas déjà en votre possession les documents dont vous m’avez parlé ?

— Non, » répondit Horace.

— « Êtes-vous sûr qu’ils existent ?

— Je les ai vus.

— Que ferez-vous si, au dernier moment, on ne vous les livre pas ? Notre journal aurait servi les intérêts d’un maître chanteur, et nous passerions pour ses complices. »

Fortier sourit.

— « Le maître chanteur existe, et dans toute la beauté du type. Mais j’ai déjà bien entravé son petit commerce. Il n’a pas été le plus fort de nous deux, et je l’ai mené beaucoup plus loin qu’il n’aurait voulu.

— Cependant, s’il vend les papiers aux intéressés et nous donne ensuite un démenti ?

— L’important, » dit Horace, « n’est pas d’avoir les preuves de la vérité : c’est de la connaître. Je la possède, et je trouverai toujours moyen d’en établir l’évidence.