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à force d’aimer

toute mon âme dans vos pensées comme dans vos actes.

— Mademoiselle, » prononça René, « c’est pour moi la suprême récompense… une récompense bien supérieure à mes faibles efforts. Ma sœur peut vous dire ce que je lui ai confessé… En moi, votre souvenir ne s’est pas séparé du sien depuis qu’enfants nous avons joué ensemble. Toutes deux, je vous ai chéries de loin, sans espérer qu’un jour j’aurais ce bonheur de pouvoir vous le dire. Vous ignoriez mon existence… mais moi je vous admirais du fond de mon ombre modeste… Je me plaçais sur votre chemin, je vous suivais à distance… En hiver, quand ces arbres n’ont pas de feuilles qui me cachent les allées de ce jardin, j’ai la bonne fortune de vous y apercevoir quelquefois, du haut de ma fenêtre… Ah ! pardonnez-moi cet aveu !…

— Vous connaissiez mon nom ? » demanda naïvement Germaine, qui pensait à l’héroïne de La Force inconnue.

— « Votre nom !… » s’écria René. « Combien de fois je l’ai répété dans le secret de mon cœur ! Songez donc que je vous le disais quand vous étiez petite…

— Alors, dans votre drame ?… »

Il se troubla légèrement. Le jeune socialiste de sa pièce n’aspirait-il pas à épouser l’idéale Germaine, d’une caste et d’une fortune supérieures à