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à force d’aimer

seux et des incapables avec les hommes de devoir, de labeur et de talent, ni les chimériques jouissances incompatibles avec les dures lois naturelles, avec l’exiguïté des biens à partager relativement au nombre des partageants. Il n’annonçait pas dans son programme l’avènement d’un état social où tout le monde serait pourvu de rentes, galonné, décoré, et pourrait, aux frais du Gouvernement, faire de l’existence entière un lundi de noce, de guinguette, de ballade et de panache. Mais il aurait, comme Fortier, donné sa vie pour assurer à tout homme de bonne volonté la petite part de joies chèrement acquises que la Nature met à la portée des efforts de chacun, et que la société, telle qu’elle est construite, accumule trop souvent entre les mains des moins méritants au détriment des autres.

— « Vous voilà, Marinval, » dit ce député socialiste unique en son genre. « Eh bien, vous savez ce qui se passe ?

— De Percenay s’est tué ?… C’est donc exact ?… Mais pourquoi ?…

— Ah ! si vous aviez vu cette séance, à la Chambre !… La justice ne se fait pas toujours, certes. Mais elle éclate quelquefois d’une façon terrible. Quelle leçon pour tant d’autres, qui restaient devant leurs pupitres, la conscience en émoi, pétrifiés et blêmes ! J’ai observé là quelques visages que je n’oublierai de ma vie.