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à force d’aimer

— Je veux qu’il soit sacré dans le vôtre, ou il ne peut rien y avoir de commun entre nous, » reprit Germaine, avec un regard étincelant.

— « Il le sera, chère adorée, » fit René en lui baisant la main.

Quel amoureux n’eût prononcé cet innocent mensonge ? L’étreinte qui suivit lui en eût arraché bien d’autres.

— « Vous êtes donc vraiment à moi ? » murmura-t-il.

— « Plus que jamais, » répondit-elle avec un sourire d’enivrement et de tristesse. « Mais maintenant, c’est vous qui vous abaisserez en m’épousant, moi qui porte un nom attaqué, discuté, et qui suis pauvre entre les plus pauvres.

— Pauvre ?… » répéta René surpris.

— Ah ! vous ne savez pas, » dit-elle. « Ce n’est pas une action bien extraordinaire ni qui vaille la peine d’être racontée. Mais il faut bien vous la dire, puisque vous serez mon mari. La fortune considérable de mon père, — vous savez, — j’en étais l’héritière unique… Eh bien… je l’ai abandonnée jusqu’au dernier centime au liquidateur de la Compagnie du Tunnel…

— Vous avez fait cela !… » cria René.

Fou d’enthousiasme, le cœur bondissant, les yeux mouillés, il tomba à genoux devant l’adorable fille.

— « N’était-ce pas tout simple ? » demanda-