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à force d’aimer

sa maîtresse, reprendre irrémédiablement le joug de hontes et de mensonges qu’elle avait rejeté en se séparant jadis d’Édouard. Que deviendrait sa dignité si laborieusement reconquise ? Et, plus tard, que dirait-elle à son fils, à mesure qu’il grandirait ?

— « Justement, » prononçait Horace, « c’est sur la question du mariage que je désirais vous parler. J’aurais eu là-dessus bien des choses à vous dire. Mais, puisque vous ne découvrez pas une possibilité d’entrevue moins officielle et précipitée que celle-ci, il me faut vous déclarer en quelques mots ce que j’aurais voulu vous expliquer à loisir. La loyauté m’oblige à ne pas vous laisser dans le doute plus longtemps. Je… ne compte pas me marier, Hélène. Je n’y aurais consenti, pour vous obtenir, que si vous aviez été une de ces femmes à l’esprit étroit qui ne sauraient aimer sans la permission du code. Vous avez pris la vie plus largement, et ce n’est pas moi qui vous en blâmerai. Je crois que notre union, pour n’être pas légale et bourgeoise, n’en sera que plus forte, plus élevée, d’un plus durable amour. Le mariage est la mort de la passion. Je suis un travailleur maussade, et, dans la vie commune, j’aurais mis trop à l’épreuve votre tendresse. D’ailleurs, bien d’autres raisons me guident, que je ne puis développer ici, à la hâte. Tout ce que j’ajouterai, mon amie, c’est que je vous aime, que je vous estime, par-dessus tout, et que