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LETTRE À M. ERNEST RENAN

Ces perles peuvent être, et paraissent être en effet, phéniciennes ou vénitiennes ; à ce sujet j’ai eu l’occasion de dire dans une publication récente[1] : « Il serait utile de rechercher si des ornements semblables n’ont point été apportés en grande abondance, parmi les objets dont les premiers colons et les audacieux explorateurs portugais se munissaient pour distribuer aux sauvages, afin de s’attirer leurs bonnes grâces et leur sympathie. Les couleurs brillantes de ces objets nous portent à croire qu’il en fut ainsi… »

Je me trompe peut être ? mais il me semble qu’en tout ce qui touche aux choses de l’Amérique précolombienne, il n’y a rien de certain, et qu’aucune preuve ne se produit en faveur de telle ou telle théorie ou conjecture sans qu’il y ait un argument contraire à y opposer. En ce qui a rapport à l’histoire précolombienne, à laquelle se rattache l’hypothèse phénicienne, j’ai écrit dans la publication précitée : « Telle est l’inextricable trame sous laquelle se cache l’évolution de cette histoire qu’il n’est aucun fait d’apparente authenticité, pouvant ouvrir la voie à d’incontestables révélations, qui ne soit immédiatement annulé par un fait opposé, d’une admissibilité tout aussi irrécusable que le premier. On dirait un fait exprès, que contre chaque témoignage, indubitable de prime abord,

  1. L. Netto. Investigações sobre a archeologia brasileira dans les Archivos do Museu Nacional, pag. 441—443. 6e vol. Rio de Janeiro, 1885.