Page:Levoyageauparnas00cerv.djvu/17

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
VII

d’Espagne en qualité de légat, chargé par le pontife Pie V de présenter à Philippe II ses compliments de condoléance.

Le monarque l’accueillit froidement et lui fit délivrer ses passe-ports le 2 décembre. Le légat partit aussitôt, emmenant avec lui Cervantes, qu’il avait attaché à son service. Ce premier voyage ne fut pas perdu pour lui : on retrouve dans plusieurs de ses écrits les impressions que lui avaient laissées les plaines fertiles de Valence, l’industrieuse Catalogne et les riantes contrées de la France méridionale.

Arrivé à Rome, il y vit tout ce qui peut étonner l’esprit et remuer l’âme, un musée de ruines, et les restes imposants d’une grandeur évanouie. Qu’on se figure les grands souvenirs que dut réveiller ce spectacle. Mais sa curiosité fut bientôt satisfaite. Ce génie vif et pénétrant ne se complaisait point aux méditations stériles et dans la contemplation de la mort : il lui fallait le mouvement et la vie, un aliment à son activité. Fatigué d’une existence monotone et paisible, dégoûté peut-être d’une position précaire et subalterne, il renonça à l’Église et à ses bénéfices, et, sans autre bien que l’espérance, il embrassa la profession des armes, qui convenait mieux à sa nature.

II

Le moment était bien choisi : le pape,