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VIII

l’Espagne et Venise venaient de se liguer contre le Turc, alors si redoutable (20 mai 1571). Cervantes s’engagea comme simple soldat, et fut incorporé dans la compagnie de don Diego de Urbina, capitaine renommé. Il fit ses premières armes dans la campagne de 1570, et passa l’hiver à Naples. L’année suivante, don Juan d’Autriche, l’héroïque bâtard de Charles V, fut nommé généralissime de la sainte ligue, et vint aussitôt prendre le commandement : il réunit à Messine les forces des trois puissances alliées. La compagnie de Cervantes fut embarquée sur les galères du fameux André Doria, amiral génois, alors au service de l’Espagne. Cervantes était sur la galère nommée la Marquesa, commandée par le capitaine Francisco Sancto Pietro.

La flotte fit voile le 15 septembre, et l’on se mit à la recherche de l’ennemi. Mais celui-ci fuyait devant cet appareil formidable, si bien que les alliés eurent le temps de secourir Corfou.

La flotte turque apparut enfin dans les eaux du golfe de Lépante, le 7 octobre au matin, et fut forcée d’accepter le combat : il s’engagea vers midi et ne finit qu’à la nuit. Cervantes s’y conduisit en héros. En proie à une fièvre ardente, il voulut prendre part à l’action, et au lieu de céder aux instances de ses chefs, qui voulaient le retenir, il demanda comme une faveur d’être placé au poste le plus périlleux : il l’obtint et le défendit à la tête de douze soldats d’élite. Sa