Page:Lewis - Le Moine, Tome 1, trad Wailly, 1840.djvu/135

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tôt, l’Espagnol avait son affaire, et les deux mille pistoles étaient à nous ; mais vous n’êtes jamais là quand on a besoin de vous ; vous êtes les plus maladroits coquins — »

« Bon, mon père, » répondit Jacques, « si vous m’aviez cru, tout serait fini à l’heure qu’il est. Vous, Robert, Claude et moi — Les étrangers n’étaient que le double de nous, et je vous garantis que nous serions venus à bout d’eux. Enfin ! Claude est parti : il est trop tard maintenant pour y songer ; il faut attendre patiemment l’arrivée de la bande, et si les voyageurs nous échappent cette nuit, il ne faudra pas manquer de les attendre demain sur la route. »

Bien dit ! bien dit ! » répliqua Baptiste. « Marguerite, avez-vous donné la boisson assoupissante aux femmes de chambre ? »

« Elle répondit affirmativement.

« Alors tout est en règle. Allons, allons, enfants ; quoi qu’il advienne, nous n’avons aucune raison de nous plaindre de l’aventure. Nous ne courons aucun danger, nous avons beaucoup à gagner et nous ne pouvons rien perdre. »

« En cet instant j’entendis des pas de chevaux. Oh ! comme le son en fut terrible à mon oreille ! une sueur froide me coula du front, et j’éprouvai toutes les angoisses d’une mort imminente. Je n’étais nullement rassuré d’entendre la bonne Marguerite s’écrier, avec l’accent du désespoir :

« Dieu tout-puissant ! ils sont perdus ! »

« Heureusement le bûcheron et ses fils furent trop occupés de l’arrivée de leurs complices pour faire attention à moi ; autrement la violence de mon agitation les aurait convaincus que mon sommeil était simulé.

« Ouvrez ! ouvrez ! » crièrent plusieurs voix en dehors de la cabane.