Page:Libertad - Le Culte de la charogne, paru dans L'Anarchie, 31 octobre 1907.djvu/6

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Le mort n’est pas seulement un germe de corruption par suite de la désagrégation chimique de son corps, empoisonnant l’atmosphère. Il l’est davantage par la consécration du passé, l’immobilisation de l’idée à un stade de l’évolution. Vivant, sa pensée aurait évolué, aurait été plus avant. Mort, elle se cristallise. Or, c’est ce moment précis que les vivants choisissent pour l’admirer, pour le sanctifier, pour le déifier.

De l’un à l’autre, dans la famille, se communiquent les us et coutumes, les erreurs ancestrales. On croit au dieu de ses pères, on respecte la patrie de ses aïeux… Que ne respecte-t-on leur mode d’éclairage, de vêture ?

Oui, il se produit ce fait étrange qu’alors que l’enveloppe, que l’économie usuelle s’améliore, se change, se différencie, qu’alors tout meurt et tout se transforme, les hommes, l’esprit des hommes, restent dans le même servage, se momifient dans les mêmes erreurs.