Page:Lichtenberger - Richard Wagner, poète et penseur, 1907.djvu/45

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Texte en grasÉTUDES MUSICALES 35

extravagante d'un débutant encore mal équilibré, la mar- que d'un talent plein de promesses : « Elle contenait en germe, a-t-il dit dans la suite, tous les grands effets qui plus tard ont révolutionné le monde musical. » Cette période d'exaltation dura peu. Lorsque Wagner, devenu « étudiant en musique » à l'Université de Leipzig, eut jeté sa gourme et se fut lassé des excès assez peu va- riés de la vie d'étudiant, il revint, pour de bon cette fois, à l'étude de la musique et eut la bonne fortune de rencon- trer en Théodore Weinlig, cantor à la Thomasschule, un pro- fesseur sérieux et modeste qui sut imposer une salutaire discipline au tempérament fougueux de son élève. Sous sa direction, Wagner apprit à fond, en moins de six mois, l'harmonie et le contrepoint. « Ce que vous avez acquis par cette aride étude, c'est l'indépendance », lui dit son maître en prenant congé de lui. « Il est probable que vous ne se- rez jamais dans le cas d'écrire une fugue ; mais le fait de pouvoir l'écrire vous affranchit à tout jamais de la tyran- nie des règles techniques » (i). L'enseignement de Weinlig porta ses fruits. Grâce à ses leçons, Wagner associa désor- mais le culte de Mozart au culte toujours plus fervent qu'il rendait à Beethoven. En même temps il s'assagit ; il calma cette fougue intempérante qui se donnait libre carrière dans ses premières œuvres. Dans ces dispositions nouvelles, il produisit des œuvres estimables et correctes, péchant plu- tôt par manque d'originalité que par la recherche excen- trique de l'effet : une sonate, une polonaise, une fantaisie pour piano, des ouvertures, deux symphonies dont l'une fut jouée à Prague par l'orchestre du Conservatoire et à Leipzig, aux concerts du Gewandhaus. De même ses débuts dans l'art du drame musical n'ont

(1) Ges. Schr. I, 8 et VII, 96.