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LA FORME DE l'OPÉRA DANS RIENZI

sique brillante écrite selon les formules en usage : tous ces ingrédients ordinaires de l'opéra se retrouvent dans l'ouvrage de début de Wagner. Il n'y a donc pas lieu de s'étonner de ce que l'auteur, lorsqu'il eut pris complète- ment conscience de lui-même et qu'il se fut créé à son usage une forme dramatique originale, ait tenu en assez mince estime cette œuvre de jeunesse si peu en harmonie avec les exigences de son esthétique. Déjà en 1847, lors- qu'il dirigeait à Berlin les répétitions de Rienzi il remar- quait que certains rôles exigeaient, de la part des chan- teurs, un effort physique excessif, et priait les acteurs d'excuser cette erreur "comme un péché de jeunesse". Plus tard, dans sa correspondance avec Liszt, il déclare netlement qu'il ne s'intéresse plus à Rienzi et qu'il le regarde comme une pièce à effet, bonne tout au plus à lui rapporter quelqu'argent(i). Dans sa Lettre sur la musique enfin (1861), il en parle assez dédaigneusement comme d'un ouvrage « plein d'un feu juvénile », mais sans grande importance au point de vue de l'histoire de ses idées, sans originalité vraie, conçu à l'imitation de l'opéra héroïque de Spontini et sous l'influence de l'opéra français d'Auber, de Meyerbeer et d'Halévy (2). On ne saurait, toutefois, accepter sans réserves, bien qu'elle se base en apparence sur les aveux mêmes de l'au- teur, l'opinion la plus répandue peut-être sur Rienzi, d'après laquelle cette œuvre ne serait qu'un opéra « à la Meyerbeer » sans analogie avec les productions posté- rieures de Wagner. On a fait remarquer, en effet, avec beaucoup de raison, que la date même de la composition de Rienzi empêche de ranger cette œuvre parmi les pro-

(1) Lettres à Liszt. //, 193, 223. (2) Ges. Schr. VU, 119, cf 7K, 324.