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RIENZi

duclions issues de l'école de Meyerbeer. Rienzi est en effet de 1838, fort antérieur par conséquent au Prophète et à L'Africaine; quant aux Huguenots ils avaient bien paru en 1836, mais il est invraisemblable, vu la lenteur des communications artistiques entre Paris et Riga, qu'ils aient été connus de Wagner au moment où il concevait son opéra. Pour établir la part d'influence qui revient à Meyerbeer dans la composition de Rienzi, il faudrait démontrer que l'œuvre de Wagner est imitée de Robert-le-Diable (1831), ce qui manque singulièrement de vraisemblance. En réalité Wagner, dans Rienzi, procède bien plutôt de Gluck et de Spontini que de Meyerbeer. A un autre point de vue encore il importe de ne pas se méprendre sur la véritable portée des aveux de Wagner à propos de Rienzi. Lorsqu'il dit qu'il voyait son sujet « à travers les lunettes de l'opéra » et qu'il n'attachait pas d'importance particulière au style et à la forme des vers, Wagner n'entend pas du tout déclarer par là que son libretto n'est, comme la plupart des livrets d'opéras, qu'un simple prétexte à musique. Wagner reprochera plus tard aux compositeurs d'opéras en général et à Meyerbeer en particulier de rechercher perpétuellement l'effet pour l'effet et cela au prix des pires invraisem- blances, de composer leurs œuvres en enfilant bout à bout une série de morceaux plus ou moins brillants, sans se préoccuper de mettre en valeur les éléments dramatiques que renferment leurs sujets. Or il n'a garde de tomber lui-même dans le défaut qu'il devait critiquer plus tard si durement chez ses rivaux. Le point de départ, chez lui, c'est toujours l'idée dramatique. Il s'était très sincèrement pris d'enthousiasme pour son sujet, et pas- sionné pour son héros, « ce Rienzi, avec les grandes pen- sées qui se pressaient dans sa tête et son cœur », dont