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52 RIENZI

nie, au quatrième acte, Rienzi, après l'avoir soutenu au début de l'action, survient dans l'opéra de Wagner comme un coup de théâtre que rien ne prépare et dont les causes demeurent à peu près inintelligibles au spectateur. Wagner se rendit très bien compte des points faibles que présentait son drame de jeunesse. On remarquera, d'abord, que Rienzi est resté une tentative isolée dans son œuvre ; que malgré le succès de son premier opéra, il n'est jamais revenu au genre historique et que s'il lui arriva, dans la suite, d'esquisser des drames tirés de l'histoire comme Manfred ou Frédéric Barberousse, il finit toujours par reculer devant l'exécution. Plus tard, dans Opéra et Drame, Wagner a exposé les raisons qui l'avaient empêché de continuer dans la voie où il s'engageait avec Rienzi. Il crut voir en effet que les sujets historiques ne pouvaient convenir au drame musical et cela parce qu'il était presque impossible de réaliser, dans ce cas, cette harmonie de la musique et des paroles à laquelle doit tendre le poète-musicien. Assurément il est possible de trouver dans un grand événement historique la matière d'un drame où s'entrechoquent des passions éternellement humaines et susceptibles d'être rendues par la musique ; c'est ainsi, par exemple, que les sentiments généraux qui forment en quelque sorte la base du di'ame de Rienzi, le patriotisme, l'amour de la liberté, peuvent être exprimés à la fois par la poésie et par la musique. Mais tout drame historique contient forcément, outre cet élément universellement humain, un élément spécifiquement historique et contingent; à ce point de vue, Rienzi doit être un tableau historique de la vie romaine au XIV° siècle, une description pittoresque des hommes de cette époque, avec leurs mœurs, leurs partis pris, leurs préjugés moraux et sociaux. Or, tout ce qui est conventionnel, contingent, tout ce qui varie