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66 WAGNER A DRESDE

cartons de l'Opéra de Berlin ; le nouvel ouvrage de Wagner, rapidement monté, était représenté le 2 janvier i843 et obtenait un succès aussi complet — en apparence tout au moins — que celui de Rienzi. Et à la suite de ces deux triomphes, le jeune musicien était nommé à la fin de janvier au poste très recherché de Kapellmeister à l'Opéra royal de Dresde, aux appointements de 1,500 thalers par an. C'était une position inespérée pour un miséreux criblé de dettes comme l'était Wagner. Et pourtant il l'accepta sans enthousiasme, presque avec angoisse. Il appréhendait de se trouver de nouveau mêlé par métier à cette vie de coulisses dont il avait connu toute la mesquinerie pendant les quatre années où il avait été chef d'orchestre à Magdebourg, Kônigsberg et Riga. Surtout il craignait d'aliéner sa liberté en acceptant une fonction officielle qui allait nécessairement absorber une bonne partie de son temps et de son énergie. Et, s'il se décida néanmoins à accepter la place qui lui était offerte, ce fut peut-être moins à cause des avantages matériels qu'elle lui procurait, que parce qu'il espérait pouvoir, comme, Kapelmeisler royal, préparer à Dresde une réforme sérieuse de l'opéra et frayer ainsi la voie à la conception nouvelle de l'art qu'il prétendait inaugurer en Allemagne. L'idée de créer à Dresde un centre artistique conforme à ses idées était bien de nature à séduire l'imagination de Wagner. L'opéra royal de Dresde était, en effet, une des premières scènes lyriques de l'Allemagne. Le théâtre ve- nait d'être reconstruit d'après les plans de Gottfr:ed Sem- per, et la salle avait été décorée par les meilleurs décora- teurs parisiens. L'orchestre était nombreux et composé d'excellents artistes dont quelques-uns comme le violo- niste Lipinski, le violoncelliste Dotzauer et surtout le tlûliste Fuistcnau étaient des virtuoses renommés. Les