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PROJETS DE RÉFORME 67

chœurs étaient admirablement stylés par Fischer, un musicien consciencieux et convaincu, ami intime de Wagner qu'il seconda toujours avec une abnégation et un zélé touchants. Non moins zélé et tout aussi dévoué à la cause de Wagner était le régisseur de l'opéra, l'excellent Heine que le maître traita toujours sur un pied d'affectueuse familiarité. Le personnel des chanteurs et cantatrices était des plus satisfaisant aussi. A leur tête il faut citer deux artistes de tout premier rang : le ténor Tichatschek qui brilla dans les rôles de Rienzi et de Tannhâuser, et sur- tout Wilhelmine Schrôder-Devrient, l'actrice la plus re- nommée de toute l'Allemagne, qui, après avoir révélé jadis à Wagner dans le Roméo de Bellini comment une interprète de génie peut transfigurer par -son jeu une oeuvre médiocre, allait incarner sur la scène plusieurs de ses premiers rôles, Adriano dans Rienzi, Senta dans le Vaisseau-fantôme, Vénus dans Tannhâuser. Ajoutons enfin que l'opéra de Dresde jouisssait d'une subvention qui, dans la pensée de Wagner, devait l'affranchir de la nécessité de se conformer servilement au goût du public. Tout cela constituait un ensemble très respectable de ressources, dont un chef d'orchestre énergique et capable de mettre en œuvre tous ces éléments divers dans un esprit vraiment artistique pouvait tirer un parti considérable. Or ce qui faisait défaut jusqu'alors à Dresde, c'était précisément l'es- prit artistique. Il ne s'était trouvé personne pour conti- nuer dignement l'œuvre de réforme si glorieusement com- mencée par Weber. Ni le collègue de Wagner, Gottlieb Reissiger, qui avait succédé à Weber en 1727 comme Ka- pellmeister, ni l'intendant royal, baron de Lûttichau, qui était chargé de la direction de l'opéra, n'avaient l'énergie, l'autorité et les capacités nécessaires pour mener à bien une pareille œuvre. Il leur manquait à tous deux le feu