Page:Linstant - Moyens d'extirper les préjugés des blancs, 1841.djvu/28

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dans ces esprits égarés une brèche pour y faire pénétrer la vérité. Revenu alors comme d’un long sommeil, chacun se demande étonné comment on a pu conserver tant de mauvaises passions, tant de fausses doctrines. C’est que l’esprit humain, marchant de progrès en progrès, tend sans cesse vers cette haute perfection, encore bien éloignée de nous, mais que des esprits généreux aiment à entrevoir à travers le voile obscur de l’avenir.

On peut mettre au premier rang des préjugés qui ont le plus outragé l’humanité, celui qui pèse encore sur les nègres. Le vulgaire qui ne juge ordinairement des objets que par l’enveloppe extérieure, soit parce qu’il n’a pas le loisir de les examiner plus attentivement, soit plutôt par l’indolence d’un esprit peu exercé à raisonner, dut être tout d’abord disposé à établir entre l’intelligence de l’homme blanc et celle de l’homme noir, la même différence qu’il avait remarquée entre les deux couleurs. Et lorsque les sophismes de ceux qui avaient intérêt à exploiter l’infâme industrie appelée traite, se furent répandus dans les masses, on profita de leur disposition, et l’on réussit facilement à leur persuader que le nègre n’était point un homme. Ces idées s’enracinèrent chez les blancs, qui les transmirent à leur race, et passèrent ainsi de générations en générations. Il ne fallut rien moins que les attaques incessantes de la