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marquer leurs esclaves d’un fer chaud au visage et les enfermer la nuit dans des lieux infects pour les empêcher de s’évader ; quand on en voit qui les suspendent avec un poids de cent livres aux pieds pour les fouetter ; quand on trouve une législation assez infâme pour punir du dernier supplice l’esclave en présence de qui son maître s’était fait mourir s’il eût pu l’en empêcher, et qui infligeait le même châtiment à tous les esclaves qui se trouvaient ou non dans la maison d’un maître qui aurait été assassiné, et cela sans distinguer ni le sexe, ni l’âge, ni les innocents, ni les coupables, ni même les enfans, s’il était prouvé qu’ils eussent connaissance du meurtre[1], on se demande alors quelle aurait pu être en pareilles circonstances la peine infligée aux esclaves nègres. Non, les anciens ne connaissaient point l’absurde aristocratie de la peau ; c’est une invention des maîtres modernes. Le peu de nègres esclaves qu’il y avait à Rome, était comme la classe servile, en général, confondu avec le bétail. Nous trouvons même que cette espèce d’esclaves était très recherchée en Grèce et en Italie, et y formait un objet de luxe[2], ce qui ferait alors penser que leur sort était plus

  1. Dig. lib. 29. t. 5. § 1 et U.Tacit. Annall. lib. 14. nos 43 et suiv.
  2. Heeren, de la polit. et du cornm. des peuples, etc., t 4. p. 205.