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AUTOUR D’UNE AUBERGE

fent et l’on ne veut plus rien comprendre. Nos paroisses sont malheureusement trop atteintes de l’esprit de parti. On trouve de la politique partout : dans l’élection des conseillers, du maire, des commissaires d’écoles ; et cet état de chose, on le conçoit sans peine, entraîne des abus regrettables. Monsieur un tel, étant de tel parti, a toutes les qualités pour remplir la charge de maire. Il est industriel, il parle bien, c’est l’honnêteté même, c’est un bon chrétien, en un mot il ferait honneur à la paroisse… mais, souvenez-vous qu’en politique il est de telle couleur… alors, n’y pensons plus. Comment ! une paroisse conservatrice choisirait pour maire un libéral ! quelle honte ! Mais, direz-vous, c’est le plus capable de la paroisse ! peu importe ! c’est un libéral ! qu’on le mette de côté. Prenons un conservateur ! Il fera l’affaire pourvu qu’il sache signer son nom. Les libéraux agissent de la même manière à l’égard des conservateurs.

L’esprit de parti est un mal qui ronge notre pays, mal d’autant plus à déplorer que ses conséquences sont plus funestes. L’auberge et l’esprit de parti vont ensemble. Ces deux maux se complètent et tous deux travaillent d’un commun accord à la démoralisation de notre peuple. L’esprit de parti empêche de juger dans la balance du bon sens, de la raison, de la justice, les paroles, les actes de ceux qui sont chargés de conduire la chose publique. En d’autres termes, le partisan ne