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AUTOUR D’UNE AUBERGE

roisse qui n’en a pas c’est une paroisse finie.

— Que pensent vos voisins ? je ne parle pas de Verneuil, c’est un hypocrite ! d’ailleurs il est dans la manche du Curé !

— De Verneuil travaille, à ce qu’il paraît, il cabale un peu partout, mais ça pas l’air de prendre, Bonneterre lui aide et sa fille aussi. Elle a même dit à ses enfants d’école : Que ceux qui ne pensent pas comme M. le Curé sur cette question sont des mauvais catholiques, et que ceux qui travaillent pour une licence font l’œuvre du diable… Pas vrai, fillette, dit Latulle à sa fille ?

Celle-ci confirma les dires de son père.

— Dans tous les cas, dit Rougeaud, si vous êtes avec nous la cause est bonne. Vous savez que la loi de la Province de Québec favorise les débits de boissons : il suffit qu’on apporte vingt-cinq signatures pour obtenir du Conseil une licence d’hôtel, tandis que, pour la faire refuser, nos adversaires ont besoin de la majorité. Donc formons un bloc ! ceux du bas sont avec nous, nous serons assez forts pour lutter contre tous les curés du monde. Comme le dit M. Sellier, après tout, ce sont eux qui perdent la religion ; ils veulent tout mener, tout conduire ; et avec cela, ils se font haïr.

— Dans tous les cas, dit Bancheron, en riant, les curés, il faut s’en défier, à les écouter faudrait être des