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AUTOUR D’UNE AUBERGE

contre les prêtres et la religion… Puis il ajouta : M. le Curé, il faut que ces discours finissent ! Nos enfants les entendent ; qui sait si ces galeux ne prennent pas ces moyens pour nous les pervertir ?

— Très bien, dit enfin M. le Curé, je suis avec vous, comment refuserais-je la lutte lorsque vous m’appuyez ! Il ne sera pas dit que je reculerai. On finira bien par épurer notre belle paroisse. Que sa patronne, Notre-Dame, nous ait en sa sainte garde.

La veillée fut fort mouvementée. On dressa des plans d’attaque et de résistance.

— Le diable est bien fin, dit en manière de conclusion M. Bonneterre, s’il parvient à mêler nos cartes cette année…

— Dans tous les cas, mes amis, reprit le Curé, nous devons prier, et faire prier : car le démon de l’ivrognerie est le plus terrible à combattre. Il prend toutes les armes, et ses suppôts, ses agents, ne reculent devant aucunes violences, aucunes injustices.

— Confiance donc, M. le Curé, dit de Verneuil en se retirant, confiance toujours, le bon Dieu est plus fort que le diable et finira par l’emporter. Qui sait ?

Ce soir-là, M. Héroux pria avec encore une plus grande ferveur. Tout chantait en lui. Cette soirée commencée tristement se termina en lui rapportant la joie, l’espérance dont son cœur de prêtre et d’apôtre avait tant besoin. — Qui sait, se dit-il en se mettant au lit ?