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THUCYDIDE, LIV. II.

autonome. Ce Térès n’appartenait en rien à Téreus, qui eut pour épouse Procné, fille de Pandion d’Athènes : ils n’étaient pas de la même Thrace.

Téreus habitait la Daulie, portion de ce pays qu’on appelle aujourd’hui Phocide, et qu’alors occupaient des Thraces, où les femmes commirent sur Ithys cet attentat si fameux ; et bien des poètes, en parlant du rossignol, le nomment l’oiseau de la Daulie. Probablement ce fut en considération des avantages que cette alliance devait procurer aux deux peuples, que Pandion établit sa fille dans un canton séparé du sien par un petit intervalle, plutôt que d’aller chercher un gendre dans l’Odrysie, séparée de l’Attique par une route de plusieurs jours.

Quant à Térès, qui n’a pas même avec Téreus la conformité de nom, il avait été le premier roi puissant de l’Odrysie. Les Athéniens recherchaient l’alliance de Sitalcès son fils, voulant qu’il les aidât à ramener à eux et Perdiccas, et la portion de l’Épithrace sur laquelle ils avaient des prétentions. Nymphodore vint à Athènes, consomma l’alliance de Sitalcès, et fit accorder à Sadocus, fils de ce prince, le titre de citoyen. Il promit de mettre fin à la guerre de l’Épithrace et d’engager son gendre à envoyer aux Athéniens une armée composée de cavalerie et de peltastes. Il réconcilia aussi Perdiccas avec les Athéniens, en les engageant à lui rendre Therme. Aussitôt Perdiccas porta les armes dans la Chalcidique, de concert avec les Athéniens et Phormion. Ce fut ainsi que Sitalcès, fils de Térès, roi en Thrace, et Perdiccas, fils d’Alexandre, roi de Macédoine, devinrent alliés d’Athènes.

Chap. 30. Les Athéniens qui avaient monté les cent vaisseaux, et qui tournaient encore le Péloponnèse, prirent Solium, ville des Corinthiens ; ils ne permirent qu’aux Paliriens seuls entre les Acarnanes, de l’habiter et d’en cultiver les campagnes. Ils prirent de vive force Astacus, dont Évarque était le tyran, le chassèrent et engagèrent le pays dans leur alliance. Ils passèrent dans l’île de Céphallénie, dont ils se rendirent maîtres sans combat. Céphallénie, située en face de l’Acarnanie et de Leucade, renferme quatre cités : celle des Palliens, des Craniens, des Saméens, et des Pronéens. Les vaisseaux d’Athènes s’en retournèrent peu de temps après.

Chap. 31. Vers la fin de ce même été, les Athéniens en masse, tant citoyens que métèques, se jetèrent sur la Mégaride. Périclès, fils de Xanthippe, les commandait. Les Athéniens qu’on avait envoyés avec les cent vaisseaux infester les côtes du Péloponnèse, ayant appris en revenant chez eux, car déjà ils se trouvaient à Égine, que ceux de la ville étaient à Mégares, firent voile de leur côté et opérèrent avec eux une jonction qui leur procura le plus fort armement qui eût été mis sur pied tout à-la-fois ; car la république était alors dans toute sa vigueur, et la peste n’avait pas encore exercé ses ravages. Les Athéniens seuls ne formaient pas moins de dix mille hoplites, en outre de trois mille qui étaient à Potidée, et trois mille métèques au moins qui partageaient cette expédition, sans compter un corps nombreux de troupes légères. Ils s’en retournèrent après avoir ravagé la plus grande partie du pays. Ils firent encore chaque année, pendant la durée de la guerre, plusieurs incursions dans la Mégaride, tantôt avec de la cavalerie seulement, tantôt en corps d’armée, jusqu’à ce qu’ils eussent pris Nisée.

Chap. 32. Les Athéniens, à la fin de l’été, fortifièrent Atalante, île aupara-